mercredi 8 juin 2016

maio - botafogo


on est pas bien là, détendus du gland?

une française me tombe dans les bras, en provenance de l'hiver glacial de milwaukee : l'arrivée de claire me donne l'occasion de faire des tours dans des coins inexplorés de rio, de faire la touriste en mangeant des fruits étranges - jatoba, pitaia, cupuaçu, cacao, fruta do conde.

passages obligés du rio tourist tour : escadaria selaron - lapa

samba entre une bande d'amis particulièrement ivres sur la plage de urca

alessandro nous emmène boire de la cachaça de vipère et danser du forro à la feira de sao cristovao, vaste bordel ou on trouve entre autres mille spécialités culinaires du nordeste, des six pistes de forro aux photos avec des costumes pourris de cangaceiros à des excellents restaurants et vendeurs de souvenirs en cuir, de petits poèmes illustrés appelés cordel et des statues du padre cicéro

un petit crabe en train de présenter son meilleur profil

"attention danger de mort", difficile de résister à une photo stupide

pedra da gávea



picnic à paqueta


"o rio é pronto. e você?" (rio est prêt, et toi?) pub très ironique parmi les nombreuses divulgations qui commencent déjà à envahir la ville à l'arrivée des jeux olympiques, et que la ville est loin d'être prête : on est tout juste en train de construire le stade et d'envahir les plages de leme et copacabana avec des énormes structures pour recevoir les évènements et étrangers


la folle vie d'artiste : claire profite du froid glacial pour monter un film pendant que j'imprime des photos de mon travail 

mon stand avec claire l'assistante pendant la fête manie dansante


pendant la fête je tatoue oto...

...et une sirène sur un garçon dont je ne me souviens plus le nom. je suis assez interloquée par l'attitude du public de la fête, qui est pris par des désirs subits de se tatouer immédiatement n'importe quelle bêtise, juste parce que je suis là et qu'ils ont bu deux bières. je leur fais la faveur de les protéger d'eux-mêmes et je range vite mes aiguilles...

marché d'éditeurs au parque lage : j'achète un petit livre fabuleux qui s'appelle "comment tomber amoureux de n'importe qui en 36 questions", qui est beaucoup plus profond que le titre irait laisser penser. je pourrais écrire plusieurs pages sur ce livre mais je vais plutôt laisser le lien vers une vidéo intéressante sur le sujet ici

on fait le tour du parque lage en imaginant les ravages que des étudiants parisiens feraient dans cet espace vert incroyable qui ici n'attire que quelques modèles venus faire des photos devant la fontaine : les petits couples dans les buissons, les musiciens et les picnics sur la pelouse, les dessins des plantes et des singes et les fêtes. entre deux jus de fruits elle me parle de son expérience à passer très près, trop près des attentats à paris et d'être expédiée immédiatement à l'autre bout du monde, le nez dans cette sympathie superficielle et transparente des américains. elle me raconte l'infantilisation étrange de la jeunesse mais sa grande tolérance, une collègue qui vit avec une dent de sagesse lui déformant douloureusement la mâchoire parce qu'il n'y a pas assez d'argent pour aller chez le dentiste. nuit debout à paris et les flics qui cassent la gueule aux gens place de la république. je l'emmène à l'occupation du minc, le ministère de la culture récemment fermé où jouent des musiciens depuis plusieurs semaines en signe de protestation. je ne peux pas m'empêcher d'être déçue par la taille des foules aux rassemblements politiques depuis le coup de l'état, quand je connais la taille qu'elle atteint pendant le carnaval.
à l'odéon il y a la première projection du film de marina abramovic "o espaço além", et je me retrouve à essayer de mémoriser et traduire du portugais le dialogue intense entre le réalisateur, ses invités et un public ému par la puissance et du film et le rappel des sources spirituelles infinies de leur terre. par l'évidence que pour découvrir les richesses du familier, il faut les regarder par les yeux de quelqu'un qui vient d'ailleurs. les récits du réalisateur, qui nous évoquent les années chaotiques de tournage, me font repenser à mes propres expériences au documentaire punk improvisé, les heures à écouter des récits d'étrangers qui pleurent devant la caméra en nous confiant les pépites amères de leur vie. tous les moments qui n'ont pas été filmés aussi, ce rôle étrange de confesseur-messie qui se dégage d'un regard droit dans les yeux et tout le temps du monde pour qui veut parler ou rester en silence. marina parle de cette expérience avec ses arts de la performance : le vrai temps, la présence physique, et au milieu de cette parenthèse, cet océan de larmes.
à une cérémonie de umbanda grouillante de monde, où quarante personnes incorporent simultanément, un exu qui rigole me donne une clope pour méditer sur la bande originale qui tourne dans ma tête, should i stay or should i go. un autre français qui nous accompagne ressort encore plus interloqué que d'habitude, et la fumée qui me lève le coeur me fait tourner les yeux vers des horizons plus lointains : je décide de plaquer le brésil pour aller faire un tour en nouvelle zélande.

pendant un évènement de makers (nom cool et hype donné à des inventeurs de tous poils)  j'avais parlé de notre projet de van à dado, qui a déjà vécu dans une maison à roulettes et m'a invitée à passer à ohms, une antre de câbles et boites à trucs pour discuter modèles, suspensions et tentes montables sur jeeps


"la mémoire guerrière ne s'éteint jamais"

je commence à faire les récompenses du crowdfunding


première session - mariana

ana

vendredi 3 juin 2016

março-abril botafogo

un mois entier passé sur cette chaise.

on m'avait déjà dit que le crowdfunding allait être une épreuve, mais je ne m'attendais ni à ses difficultés, ni aux fruits qu'il m'a apporté. on avait beau me prévenir que le travail était intense, la tache d'écrire à plus de trois cents contacts en quatre langues, de répondre à leurs questions, de régler les mille petits problèmes, d'apporter des modifications à la page et de produire de nouvelles vidéos, de nouveaux dessins, d'envoyer le tout à mille blogs, sites, les quelques cinq heures de communication sur un internet bancal pendant trente jours sont une sacré performance... mais les retours sont aussi très inattendus. en faisant un plan avant de commencer avec l'aide de felipe, on avait estimé que j'avais besoin de l'aide de 80 personnes pour réussir. le chiffre paraissait énorme. mais à ma grande surprise, des presques inconnus ont rapidement répondu à mon premier message avec des contributions enthousiastes, des messages d'encouragement, des poignées de mains virtuelles. face aux bugs du site pour payer, des petits billets ont fait de nombreux kilomètres, glissés dans des mains de voisins, pour arriver jusqu'à ma tirelire, des gens avec qui j'ai conversé un jour, une heure, il y a bien longtemps, ont fait des allers-retours jusqu'à des lointaines banques étrangères pour faire accepter des reçus compliqués. des gens que je ne connais pas ont partagé la campagne avec leurs proches, des gens que je connais ont rivalisé de tendresse en composant des textes émouvants, pleins d'élans d'amour que je ne suspectais pas aussi publiables. j'ai repris contact avec de nombreuses personnes qui ont resurgit de mon passé pour me prêter main forte et me lancer un clin d'oeil fraternel, des timides ont remué ciel et terre pour joindre d'autres amis à ma cause.

le "paquet de l'amour", paquet incluant plusieurs des récompenses proposées



videos?


"merci!" j'atteins l'objectif dix jours avant la fin de la campagne


les "objectifs étendus", donc où irait l'argent de plus rentrant grâce aux dons suivants : meubler et louer mon propre studio de tatouage.



countdown des derniers jours de la campagne







pendant ce temps...

picnics à lagoa

je passe de nombreux dimanches face à un des couchers de soleil les plus hypnotisants de la ville, loin des bruyantes allez et venues des camelos de la plage

samba au bip bip, petit bar culte où se réunissent quelques copains pour jouer dans un bistrot assez grande pour les accommoder eux et pas une chaise de plus. la musique est sympa mais accompagnée par une nuée permanente de touristes et de cariocas pêcheurs de blondes anglophones

vous pensez pouvoir échapper à la culture française? vous n'y arriverez pas. jamais.

mission peinture : après quelques heures de travaux intensifs le patio devient mon studio provisoire

tatouer un colibri en regardant des colibris : la classe

howard

oráculo project tagge des petits messages d'amour dans la ville

les kung-fu pandas vont s'enterrer trois jours à faire des barbecues au bord de la piscine à pétropolis : c'est l'anniversaire de notre maître et ce n'est pas pour rien que sur nos uniformes de la famille hung, il y a écrit famille. il y a beaucoup de bières et des performances loufoques de sauts dans la piscine, mais aussi quelques discours, des toasts à nos morts et nos aimés absents, des larmes, des questions existentielles sous les étoiles en attendant des pluies de météorites.




le groupe mos, que je croise près de chez moi...

... et quelques jours plus tard à un mini festival de fanzines, la feira fantasma

la feira : dans une magnifique mansion semi-en ruines cette petite fête est à mi-chemin entre le bric-à-brac de brocanteurs, vendant des vieilles photos de congrès japonais, mais aussi des aquarelles, des fanzines sur toiles, des cahiers faits main, des vêtements... 

mon petit stand avec des modèles de tatouage

la jolie luz fait un petit saut à rio

le silence avant le début du tatouage...

ju, la maîtresse de maison, fait des tirages de cartes avant chaque tatouage

il y a notre rêve en commun garé en bas de chez moi : un van-maison, où il y a écrit "je ne suis pas pressé, parce que je suis chez moi"


séminaire de design thinking

séminaire sur la méthode de travail collaboratif "dragon dreaming"

ma voisine ivana parle de son travail au sein de l'incubateur d'entreprises créatives rio criativo

au milieu des nuages gris de la politique mouvementée - le coup d'état est passé, dilma est jetée dehors - je me réfugie avec les gens qui travaillent d'arrache-pied pour construire dès aujourd'hui un monde meilleur. j'assiste aux conférences de la rio criativo, qui avait été créée dans l'idée qu'il fallait investir dans une énergie renouvelable qui profite à tous, donc l'énergie de la créativité, et qui accompagne des boîtes avec de l'aide financière et une armée de contacts pour les aider à se développer. le projet n'existe que depuis quelques années mais déjà les entreprises incubées ont toutes décuplé leurs chiffres d'affaire, et certaines comme la junta local sont déjà devenues des points de références du paysage culturel et gastronomique de la ville. ces conférences gratuites mensuelles ont des contenus divers orientés vers les entrepreneurs, en mariant un contenu pratique de développement des idées à la conscience de la chaîne de production et l'impact social et environnemental.
le public très varié repart satisfait, insufflé d'une nouvelle énergie, une nouvelle confiance dans ses projets.


joyeux anniversaire nous (toujours étrange de fêter son anniversaire seule quand on a une jumelle)